vendredi 18 mai 2012

éthique ou morale en politique ?

On connait les effets de la société médiatique : 

Les scandales - dont on pourrait interroger la façon dont ils furent souvent orchestrés ; ont conduit médias, citoyens, partis ou réseaux d'influence  à dénoncer malversations et autres dérives d'une classe politique présentée en système et supposée profiter, détourner, se conduire mal...

On notera en incise, que ceux qui crièrent le plus fort (comme les membres du Front National en France) furent ceux qui justement étaient connus pour leur passé sulfureux et un carnet d'adresses peu recommandable... crier permet de détourner l'attention...

Ces scandales constituaient une réalité incarnée par diverses affaires qu'il convient de dénoncer sans les minimiser mais tout en leur conservant leur juste place... D'autres viendront demain, la vérité finissant toujours par tracer son chemin... et nous savons que ces dérives ne sont pas l'exclusivité d'une classe, d'une caste ou d'un groupe...

Au nom de cette réalité, le citoyen a pu se détourner des urnes ou s'engager à voter du côté de ceux qui "crient" lui semble-t-il à bon escient contre ces scandaleux... ou tout simplement se poursuivait la perte de confiance et s'alimentait une forme de paranoïa où certains se délectent plus qu'ils ne s'affligent de la situation...

Se pose en principe celui de la transparence et de l'exigence d'une forme de "virginité" ou de "pureté".

Après avoir tenté hier de nier, puis de se défendre, la classe politique souhaite aujourd'hui parer à tout risque de soupçon.

Ainsi, à peine entré en fonction, le nouveau gouvernement Ayrault a-t-il posé la double règle d'une baisse des salaires des ministres et du président et du respect nécessaire d'un code de déontologie.
Mais le jeu est complexe car il engage le réflexe de l'auto-justification, sera nourri de rumeurs qu'il faudra tenter de dégonfler avec le risque de laisser croire que l'on veut cacher, dissimuler, manipuler...
 On l'a vu aux réactions de l'opposition attaquant sur des registres aussi différents que le coût d'un gouvernement qui baisse le salaire des ministres, le jean d'une ministre au conseil des ministres ou le passé judiciaire d'un premier ministre (pourtant réhabilité de fait selon la Loi).
Où l'on voit qu'au delà même de la morale, c'est plutôt la moraline qui anime nombre de détracteurs peu enclins par ailleurs à l'auto-analyse... il est facile de s'indigner à bon compte et de se poser en "père la Vertu".

Si la morale est nécessaire, en renvoyant sans cesse au bien et au mal, elle épuise vite la Société car elle s'enferme dans le contrôle et la justification permanents.

C'est l'ère du soupçon, où toute parole, tout geste peut-être interprété, où pour se protéger de tout risque chacun adoptera un discours dicté par la prudence.
C'est le principe de précaution appliqué à la vie personnelle qui pourrait conduire les plus "malins" à des stratégies élaborées pour masquer une réalité peu glorieuse...

Cette conception  peut même verrouiller l'initiative et empêcher de penser dès lors qu'elle poserait une règle absolue, quasiment religieuse, interdisant toute discussion.

Car la vision morale s'adresse aux mœurs et non pas à ce qui serait bon ou juste pour la société ou les institutions.

 Se pose également la question de la limite.
On veut un ministre respectant la Loi. Qui pourrait être contre ?
On pourrait dire que cela va de soi... mais jusqu'où ira l'exigence ?

Ira-t-on regarder si chacun a bien tous ses points de permis de conduire, a des fréquentations ou des lectures convenables, porte des tenues correctes ?

Il fallait autrefois par exemple pour le futur instituteur, que soit délivré un "certificat de bonne moralité"... Qui donnerait quitus aujourd'hui pour les élus et ministres de la République ? Qui pourrait prétendre le faire en saine et bonne justice ?

Paul Ricoeur posait bien cette nécessité d'une primauté de l'éthique sur la morale, autrement dit, il nous invitait à aller vers une forme de sagesse pratique. Ce que confirme Pierre Verdier : il s'agit moins de conduire sa vie selon des règles figées qu'à l'épreuve de la vie en mesurant ce qui est bon pour soi et les autres, en faisant œuvre de sollicitude...

Où l'on peut se dire qu'être un bon citoyen, engagé ou pas dans la vie politique, c'est non pas guider sa vie à la seule aune de la morale qui ferait office de précepte religieux, mais être en capacité de mesurer si un choix que l'on fait est juste, équitable, utile, non nuisible à autrui.

Où l'on pourrait se dire que l'homme politique, loin d'être un modèle statufié, pourrait se donner comme principes de mettre en conformité sa vie personnelle, professionnelle, citoyenne et politique.. tout en conservant le droit à l'intimité...






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire