jeudi 3 mai 2012

de l'usage de twitter

Après quelques semaines et ayant passé le cap des 300 abonnés, quelques éléments relatifs à l'intérêt et aux limites du réseau social "Twitter", manière de faire le point pour moi-même après un premier temps d'auto-apprentissage de cet outil.

Il y a quelques années, j'avais tenté une première approche et j'avoue que la mayonnaise n'avait pas pris... J'en étais donc resté à la gestion de sites classiques, puis de blogs, avant d'expérimenter quelques réseaux sociaux à usage professionnel ou personnel.

Je suis donc revenu à Twitter, notamment interpellé par des enseignants qui en débutent un usage pédagogique.

Il existe diverses interfaces de l'application mais j'utilise classiquement à la fois l'application pour smartphone et l'entrée  en ligne via mon ordinateur assortie d'un plugin sur le navigateur permettant de "twitter" des liens...

Si j'ai quelque peu intégré la notion de hashtag, je ne me suis approprié les subtilités de l'outil que de manière empirique et forcément aléatoire. Je suis loin de maîtriser tout le vocabulaire ou les règles dont certaines sont propres à "la communauté des utilisateurs".

J'avoue également apprécier à la fois la simplicité de l'outil et son ergonomie, tout en étant réservé quant à la part "sombre" ou en tout cas forcément cachée de l'outil...  des mains mal intentionnées pourraient comme pour d'autres réseaux sociaux utiliser les informations diffusées ou relatives aux auteurs.

La création de compte, simplissime, ne suppose aucune sorte de contrôle ou d'identification réelle de l'auteur ... les trolls peuvent donc s'en donner à coeur joie.

J'ai appris à constituer des listes pour trier et organiser mes abonnés et un peu mes abonnements... ce qui suppose néanmoins d'en prendre le temps.

J'ai également interfacé l'un de mes comptes Facebook au compte Twitter, ce qui peut sembler pertinent un temps, mais compte tenu de la distinction notable d'usage entre les deux outils peut perturber les lecteurs. En effet, la succession des tweets sur le mur de Facebook peut lasser le groupe des abonnés du second qui n'ont pas forcément les mêmes centres d'intérêts, ne disposent pas toujours des clés de contexte ou ne se situent pas dans le même temps, Twitter étant fondé sur la réactivité...

Passés les premiers moments d'appropriation qui sont assez simples au demeurant, on fera quelques constats dont certains sont d'évidence  :
1) s'exprimer en 140 caractères impose la concision au bavard. La possibilité d'insérer des images ou des liens, permet toutefois de renvoyer le lecteur vers des articles s'il souhaite approfondir ou a contrario comme je le ferai ici de promouvoir pour un auteur un texte qu'il voudrait partager avec ses abonnés.
2) écrire en 140 caractères peut en français imposer un certain rythme, un phrasé qui pourrait nous rappeler  la création d'alexandrins... on trouve ainsi des constructions intéressantes chez certains auteurs du type par exemple : "ce moment délicat où tu ..." . Si certains auteurs scindent leurs tweets en plusieurs épisodes parfois numérotés ce qui peut être vu comme une incapacité à se plier à la règle du jeu, de plus en plus nombreux sont ceux qui jouent de la formule, s'appuient sur une forme syntaxique qui encadre d'emblée leur propos... Si ce n'est déjà fait, il y a là belle matière pour les linguistes... Au delà, à la manière du Haïku, la forme peut servir de cadre à l'expression poétique...
Il existe donc un réel intérêt d'ordre syntaxique apporté par l'outil et je pense que les enseignants du premier comme du second degré pourraient en tirer parti.
3) l'instantanéité de l'outil permet également de noter sur le vif, de signaler, de commenter.
Il faut savoir contextualiser grâce au hashtag, trouver le point saillant, le bon mot, attirer l'attention...
Il s'agit là d'une forme partagée de journalisme, avec tous les risques possibles mais également la possibilité d'apprendre en marchant.
Le commentaire sur le vif d'un évènement est intéressant : il peut soudainement rendre interactive et partagée la vision d'un débat télévisé ou même d'une émission de variété... La télévision n'est plus regardée dans un chacun pour soi, mais elle est commentée et souvent de fait mise à distance, vue avec un œil critique.
4) l'intérêt majeur de l'outil réside dans ce qu'il permet tout à la fois de découvrir de l'information soit qu'elle se trouve suggérée par l'application elle même, soit que l'on se mette en quête... Il semble toutefois qu'une actualité chassera l'autre ici plus qu'ailleurs encore...
5) via les abonnés ou les abonnements, des liens se construisent et des croisement s'opèrent autour de thématiques avec pour intérêt de pouvoir sortir assez vite de sa sphère de proximité personnelle et si l'on est un peu curieux de pouvoir dialoguer avec divers acteurs sociaux dont, ce qui semble être un moteur, des acteurs engagés (voire connus)  de la vie sociale, culturelle ou politique...
En croisant les différents cercles, on remarquera assez vite, qu'il est possible de constituer ces cercles et de retrouver ces mêmes acteurs au sein de divers réseaux sociaux - on mesure ici que la France reste un petit pays- mais c'est la réactivité, la rapidité qui incontestablement attire l'auteur-lecteur.
6) Pour être lu, il faut écrire : l'outil est malin qui incite à produire pour susciter des réactions et ouvrir le dialogue.
7) La dérive du nombre d'abonnements et d'abonnés : nombre d'adolescents notamment, se lancent des défis et se mettent en compétition pour se trouver le plus grand nombre d'abonnés possibles en un temps record. Pour certains, la bulle est souvent éphémère et si elle flatte le narcissisme peut également les enfermer dans une forme d'addiction... On trouve de bons auteurs, mais le nombre de personnes qui croient utile de nous informer qu'elles vont se coucher ou se moucher peut inquiéter et donner à voir une forme de solitude reliée, mais solitude quotidienne quand même...
De la même façon, la multiplication des abonnements ne permet pas toujours de tout lire et le fil continu ne peut alors être lu dans son entièreté.
8) la mise en réseau de groupes d'intérêts est facile et rapide..
9) la prise de pouls des tendances de la Société est également un apport notable : ceux qui s'expriment via Twitter n'incarnent pas forcément les tendances de la Société toute entière, mais témoignent bien de mouvements de pensées, de tendances, de perception partagées... Ainsi Twitter est à sa façon une sorte de sondage permanent de la Société.
10) un outil d'influence : on comprend donc que Twitter peut favoriser la diffusion d'idées ou de positions... La bataille politique en cours sur le Web nous a montré que les politiques ont bien compris l'intérêt des réseaux sociaux et ils l'ont compris en mesurant qu'il ne s'agissait plus d'imaginer une diffusion verticale, mais une diffusion multipoints, simultanée, en réseau...
Où l'on comprend également les risques évidents de manipulation...

Si Facebook donne plus à voir d'une activité intime et personnelle, la logique de Twitter davantage tournée dans l'instant, la réactivité, la concision, la mise en réseau ... est bien différente.
Sur Twitter vous mettrez une image amusante ou pertinente en fonction de l'actualité, vous n'y mettrez pas votre photo de famille...
On notera toutefois comment les auteurs de Twitter peuvent travailler leur image en choisissant avec soin icône, photo les représentant ou pseudo... Cette accroche est intéressante à analyser sachant qu'un grand nombre d'auteurs avancent masqués et que les trolls sont fréquents...

Pour conclure cette première prise de note, l'intérêt de cette application est probablement à étudier et creuser encore :
- intérêt pédagogique (étude de la langue, procédés d'écriture, écriture journalistique.. éducation sociale, citoyenne et numérique.)
- intérêt linguistique car l'outil induit une façon d'écrire et de penser
- intérêt poétique probablement pour ceux que la contrainte saura inspirer
- intérêt social et démocratique ( mise en réseau, capacité d'alerte et de réactivité, mise en partage de points de vue et développement du sens critique et citoyen)
Mais comme tout outil, au delà des modes, sont intérêt résidera dans ce que nous saurons en faire, un outil au service du lien social, de la mise en partage d'idées et non d'asservissement à l'urgence de penser partout comme tout le monde.

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