samedi 15 août 2009

le GPS ou le danger de l'étapisme

Nous sommes nombreux en ces périodes estivales à utiliser le GPS et le trouver bien utile pour rejoindre une destination inconnue.
La géolocalisation est un outil formidable, évidemment à double tranchant car si "on" m'aide à trouver mon chemin... c'est que l'on peut retrouver où je suis.
Au delà de ces qualités et de ces risques, il me semble toutefois que le GPS qui découpe le trajet en étapes successives me guide sans m'enseigner vraiment.
Soumis à la succession imposée, exécutant, je suis à la fois dépendant d'un chemin que l'on a choisi ( calculé) pour moi et surtout je vais éprouver beaucoup de difficultés à m'orienter et me situer et reconstruire une vision globale de ce trajet.
Pour preuve, j'aurai souvent besoin de reprendre le GPS pour le même trajet surtout s'il est un peu complexe, jusqu'à ce que je le mémorise vraiment.
Nous connaissons tous la souffrance du conducteur perturbé parce que le GPS lui propose de passer par une rue nouvellement en sens interdit... comment faire ? comment anticiper ? quelle stratégie choisir ?
C'est souvent le désarroi alors que la réponse simple peut se trouver sur le trajet lui même (une pancarte, un flêchage...).
Il faut alors revenir à la vue d'ensemble de la carte et "dézoomer".
Nous découvrons parfois que la proposition du logiciel ne tient pas compte d'une réalité du contexte qui fait que tel trajet proposé n'est pas le plus pertinent.
Si j'interroge trois personnes pour effectuer le même trajet, j'aurai souvent au moins deux propositions différentes, surtout si ces personnes connaissent bien le secteur, chacun se construisant son chemin "à sa main" en fonction de ses préférences (lui préfère les petites routes, elle la voie rapide).
Souvent, lorsque j'ai compris la logique d'un environnement, d'une ville, d'un réseau routier de campagne, je vais construire mon trajet en prélevant des séries d'indices qui tiendront tout autant dans les directions générales proposées par les pancartes, l'encombrement routier ou la configuration du réseau routier.
Je vais expérimenter et adapter... réguler et même choisir pour le retour une variante qui me convient mieux.
Parfois, si je suis distrait par mes pensées, je vais subir l'influence d'un autre trajet répété récemment et prendre un axe qui n'est pas celui que je dois choisir aujourd'hui.
Parfois aussi, je vais réaliser plusieurs mois plus tard, que j'ai appris un trajet que je croyais efficace alors qu'il existe une meilleure solution. Je vais gagner en expertise... mais plus je gagnerai en expertise, plus je risque dans la restitution de ce trajet d'oublier d'en décrire telle ou telle étape essentielle (un point critique, un embranchement ambigu...).

Entre le risque de l'étapisme fermé qui entretient une dépendance étroite avec mon guide et l'empirisme complet qui viserait à me fier à ma seule intuition, je sais que la meilleure réponse sera d'anticiper grâce à la carte, de confronter cette anticipation au réel, peut-être en me référant au guide GPS qui interviendrait alors davantage comme validateur de mes choix que comme décideur.

Dans cette affaire d'apprentissages multiples qui met en jeu mon rapport à l'espace, ma capacité à interpréter des données sur la carte et les reconnaître dans le réel, il me semble qu'il y aurait matière à réfléchir, tant du côté des pédagogues que des prescripteurs de consignes au travail.
Ici aussi, apprendre une démarche sérendipiteuse pour ne pas être dépité !


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