samedi 8 août 2009

intution et rationalité

On dira volontiers que les médias "télévision" et "Internet" nuisent à la rationalité.
Il est commun de dire que face à la télévision, le spectateur est passif, ou n'interagit qu'en boucle avec lui même ou parfois avec un co-spectateur. Mais il ne peut d'emblée ouvrir la boîte.
Ce qu'il reçoit, il l'analyse avec les outils de son expérience, de sa culture mais la force de l'image, les effets de focalisation peuvent le leurrer.
Son émotion peut être convoquée et lui imposer des "évidences" , des "croyances"...
L'internaute, à son tour, peut très vite se laisser convoquer par une série de leurres et réagir de manière affective ou excessive : les transmissions de courriels en chaîne autour d'alertes ou d'appels au secours, les réactions dans les forums lorsqu'un provocateur vient chercher la zizanie montrent à quel point il est aisé de se laisser piéger ou de piéger autrui.
Il manque la source de l'information et son contexte et les néophytes que nous sommes avec des médias encore historiquement récents font que nous pouvons céder rapidement à notre sentiment premier.
Pourtant, naviguer sur Internet, surfer sur le web, y faire preuve de sérendipité, ce serait témoigner d'une capacité sur quelques indices à contextualiser et choisir souvent très vite, le bon chemin.
Sans intuition, la seule approche rationnelle, qui voudrait analyser point par point , étape par étape, recouper et vérifier tout préalablement, classer et hiérarchiser chaque information serait impossible et engluerait le lecteur.
Naviguer sur Internet, c'est sans cesse avoir à prendre des décisions. Choisir le bon lien, décider de répondre ou de ne pas le faire...
Il faut donc disposer d'une stratégie. Quitte à faire des paris,il faut en avoir conscience, accepter de renoncer, revenir en arrière.
Essayer, se perdre parfois, se souvenir que l'on s'est perdu pour la prochaine fois.
L'intuition lance la machine et le raisonnement sera peut-être nécessaire ponctuellement lorsque le problème sera résistant.
Pour qu'une intuition soit bonne, il lui faut en quelque sorte un sous-bassement de rationalité qui se compose à la fois de méthode, d'expériences et de connaissances autrement dit d'aptitudes et de connaissances.
Cet ensemble de compétences nous permet d'imaginer un scénario, d'avoir une attente qui nous engage, nous mette en confiance suffisante pour oser.
C'est l'art de la prise de risque sur le net.
Pour qu'une intuition soit bonne il lui faut à la fois souplesse et résistance. Une stratégie pensée dont l'appareil n'obère cependant pas l'objectif de la "trouvaille".
Souplesse aux évènements, aux contextes, aux scénarios possibles proposés par le web et résistance aux effets de "mise en scène", d'instrumentalisation ...
Cela suppose que chaque internaute soit formé et engagé à devenir un véritable acteur.
Pour comprendre, il faut un peu savoir soulever le capot, bricoler dans le moteur...
Faire pour comprendre et d'une certaine manière occuper l'espace...
Il faut une prudence qui n'inhibe pas.
Une assurance qui ne leurre pas sur sa propre liberté et la qualité de son jugement personnel.
Pouvoir évaluer enfin tout à la fois ce que l'on a trouvé, comment on a fait pour le trouver, ce que nous avons mis en jeu de nous mêmes entre expertise, sentiments, perceptions...

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