mardi 22 avril 2014

pourquoi il nous faut innover

Le conformisme, la norme,l'hyper-réglementation, la surveillance sont des obstacles à l'innovation dont nous avons besoin.
L'innovation n'est pas bonne en soi mais elle est un moyen de nous impliquer et de nous engager dans le façonnement du nouveau Monde. Elle nous permet de devenir acteurs du changement et d'apporter notre contribution, notre brique, notre part...
Mais... 
Nous sommes un peu des bâtisseurs sans plan, construisant à plusieurs dans le noir et en accéléré un vaste projet qui se dessine alors que nous n'en imaginons pas même les contours...
Qui décide quoi ? 
Le conformisme prétend souvent instituer des repères dont nous aurions besoin. 
Son ciment est la moraline qui rejette la faute sur de vilains conspirateurs qui voudraient tout détruire pour en tirer parti, y compris versus valeurs.
"Le conformisme se manifeste par le fait qu'un individu modifie ses comportements, ses attitudes, ses opinions, pour les mettre en harmonie avec ce qu'il perçoit être les comportements, les attitudes, les opinions du groupe dans lequel il est inséré ou il souhaite être accepté" (Codol - 2001).
Nous renverrons ici au texte de Jean Noël Ringuet.
Paradoxe de la Mode née d'une invention qui peut choquer ou heurter jusqu'au moment où elle devient acceptable par tous, se diffuse, s'impose comme une obligation avant de disparaître ou se dissoudre tout en laissant une trace dans notre inconscient collectif, nos perceptions...
Se libérer du conformisme ambiant n'est souvent que participer à l'invention du conformisme de demain.
La difficulté c'est la mise en tension entre l'acceptable et le nécessaire, entre le choix et l'oppression...

Ainsi, nous avons besoin de normes pour nous protéger, pour nous mettre d'accord sur ce qui est attendu, exigible, utile à nos échanges.
La norme linguistique facilite nos échanges, elle est même constitutive du fait culturel et renvoie à notre Histoire et pourtant, jamais en réalité la langue ne fut figée. Il y eut toujours conflit, dialogue ou débat, mise en tension encore entre la langue posée par la norme plus ou moins édictée et un mouvement d'innovation imposé par exemple par l'apparition de l'imprimerie ou la disparition progressive du latin, d'expressions...

Le jardinier cultive son jardin mais les herbes folles reviennent, l'imprévu ou l'accident soudain, ouvrent une autre route qu'avec plus ou moins de sérendipité le jardinier poursuivra... ou pas.

Il vient un moment où l'excès de normes engendre un surcroît d'information à gérer et par peur le principe de précaution impose son dictat jusqu'à limiter notre action : sortir de la norme c'est prendre le risque de se voir opposer une jurisprudence, un recours à la Loi...

L'homme de Loi cherche la faille, le texte qui manque, on interprète et souvent on ne juge plus des réelles conséquences d'un défaut de norme mais du respect seul des textes eux-mêmes.

Ces codes épais destinés à nous protéger deviennent alors source d'absurdité, d'oppression. Monde kafkaïen.

L'évolution des techniques, notamment numériques a favorisé un monde de caméras, de surveillance mutuelle, de géolocalisation et d'interprétation de qui nous sommes par nos mots, nos images, nos requêtes sur le Net.
S'il vient un moment où l'information tue l'information, nous n'osons imaginer ce qu'aurait fait le régime nazi des outils contemporains...

La défiance, la recherche de transparence, le souci même de vérité peuvent exercer une pression totalitariste et rendre nos vies insupportables...

En 1968 le slogan de "l'imagination au pouvoir" semblait rappeler que le pouvoir lui même éprouve souvent des difficultés à imaginer d'autres possibles parce qu'il pense souvent nécessaire de préserver d'abord une série d'équilibres. Les choix budgétaires actuels se veulent raisonnables au nom d'une doxa de l'équilibre budgétaire... mais on ne questionne plus le modèle et l'on préfère contribuer à sa mort de l'intérieur plutôt que d'imaginer faire autre chose...

Nous nous entêtons à réparer un vieux moteur pour lequel nous n'avons plus de pièces ni de carburant....

On efface tout et on recommence ?

Bien sûr que non. Si nous tirons rarement parti de nos erreurs, nous avons cet outil incroyable qu'est la mémoire aujourd'hui augmentée et démultipliée par le numérique...

Face à l'inquiétante évolution du Monde, nous sommes pourtant plus que jamais convoqués à agir, imaginer, créer, sortir des sentiers battus... sans illusion sur une Utopie qui résoudrait tout, nous pouvons repenser un Monde qui ne démentirait pas nos valeurs humanistes, notre besoin de lien, d'équité et de liberté.

L'innovation peut nous aider à dépasser notre condition et chercher ensemble des réponses aux mille problèmes... Elle suppose que l'on ose dépasser un certain nombre d'habitudes...

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