samedi 19 décembre 2009

permanence, vitesse et flux

S'il est acquis que toute connaissance n'est que provisoire, nous percevons qu'Internet participe de l'accélération des échanges où dans le flux incessant une information chasse l'autre, où la hiérarchisation entre le bon grain de l'ivraie devient un art difficile tant nous cédons à l'impatience d'un siècle qui sent sa fin proche...
Héraclite d'Ephèse, Socrate, Alain , Sartre... auraient-ils pu seulement s'exprimer et émerger à l'heure d'Internet ?
La permanence de la bibliothèque papier, fragile mais stabilisée, identifiée, se voit concurrencée par un monde où il s'agit souvent plus d'exister en étant présent et se manifestant plutôt que de penser...
Nous sommes priés de nous exprimer en 140 signes et l'on nous reconnait comme crédibles si nous sommes "suivis" (Twitter) ... ou si nous avons des "amis" que nous ne connaissons pas pour la plupart ou ne rencontrerons jamais (Facebook).
L'opinion se construit sur le sondage et non sur l'argument ou les faits.
Dans le même temps, nous pouvons trouver de l'information si nous avons la question, si nous savons un peu ce que nous cherchons, mais il faut trier , élaguer et surtout construire et relier ensuite.
La rationalité est une conquête incessante, comme la démocratie.
Existe-t-il un point de saturation de l'information et de la mémoire ?
Jusqu'où le coureur peut-il améliorer sa performance ?
Quel est le point de rupture ?
Internet ne s'effondrera-t-il pas un jour sur lui même, quand nous lui aurons confié le meilleur de nous mêmes, les trésors créatifs de l'Humanité, sa capacité de penser, se penser et se projeter dans le Monde ?
Ou tout cela sera-t-il noyé simplement dans la confusion publicitaire ?
On ne fait pas commerce de la pensée... mais doit on se résoudre à ce que seules quelques chambres et salons restreints explorent de nouveaux espaces tandis que d'autres, les autres, les habitants du Monde de la pensée médiatique et globalisée seront saoulés d'une information toujours plus riche d'effets spéciaux, s'adressant plus aux émotions qu'à l'intelligence...
N'est-ce pas l'avènement de la dictature molle et insidieuse qui flattant notre goût pour le sucré, nous agitant toujours plus vite dans de spectaculaires évènements, nous masque les véritables urgences et l'essentiel ?

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