jeudi 20 août 2009

Stratégie nationale de recherche et d'innovation 2009 - Rapport général

La documentation française publie ce rapport de Juillet 2009 préfacé par la Ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Les médias s'en feront-ils l'écho ? Il pourrait pourtant alimenter nombre de débats et d'enquêtes.
Il y aurait matière à entrer dans les grands sujets que l'actualité ne cesse d'évoquer à l'occasion là d'une pandémie, ailleurs d'un accident écologique...

Trois entrées sont privilégiées : la santé, avec cette expression employée " le bien-être"(qui mériterait des développements pour dépasser une approche de magazine), l'alimentation et les biotechnologies dans un contexte d'allongement de la durée de vie, d'émergence de maladies infectieuses ( il me semblait que le passé nous avait déjà confronté à de graves maladies infectieuses...) et d'évolution des modes de vie ;" l' urgence environnementale"» et les écotechnologies, pour répondre au triple défi posé par l'épuisement des ressources naturelles et le partage fonctionnel des territoires (ici aussi cette terminologie mériterait d'être creusée) , par le changement climatique, et par la nécessité d'une relative (sic) indépendance énergétique ; l'information, la communication et les nanotechnologies, désormais omniprésentes dans la vie quotidienne avec la révolution d'Internet.

Assez bref, le rapport place en avant des concepts comme :
  • l’importance de la recherche et de l’innovation
  • la question du risque dont la gestion semble se substituer au principe de précaution ou en faire évoluer la conception...
  • la place des sciences sociales dans un Monde où les rapports avec le temps et l’espace évoluent
  • le nécessaire développement de l’interdisciplinarité
  • le contexte européen comme support
  • la nécessité de valoriser l’attraction vers les sciences

Un petit encart témoigne d'une "problématisation" intéressante (le voici repris in extenso - c'est moi qui pointe en gras) :
Sciences et sociétés :
Une société ouverte et en mouvement est une société de création et d’initiative, génératrice d’opportunités, qui remet en cause ses codes anciens. Les dynamiques à l’oeuvre impliquent des recompositions complexes des liens sociaux associant des formes nouvelles et anciennes. Elles requièrent de prendre en compte les dimensions individuelles, collectives et structurelles et de maîtriser les risques. Cette nouvelle donne impose de créer un environnement propice pour assurer les conditions de la confiance : associer les parties prenantes à la définition des stratégies de recherche et de programmation nationale ou locale ; garantir la transparence ; développer les réflexions sur la déontologie et les questions d’éthique ; conforter la pratique de l’expertise publique ; développer le goût pour les sciences et la culture scientifique, dès l’école et tout au long de la vie ; faciliter les débats sur les controverses concernant la science ou la technologie ; stimuler la recherche sur les relations sciences‐sociétés. Les nouveaux modes de diffusion des savoirs et d’apprentissage doivent également être revisités. Au cours des dernières décennies, le volume des connaissances s'est en effet considérablement accru et les savoir‐faire techniques se sont démultipliés. Les échanges internationaux et les outils numériques favorisent la multiplication des sources et des canaux d’information. Ainsi, l’actualisation des connaissances apparaît aussi déterminante que l’acquisition des savoirs fondamentaux pour comprendre, décider ou agir. Les enjeux de l’apprentissage, présents tout au long de la vie, ne cessent ainsi de se renforcer et doivent être accompagnés d’un effort tout particulier de recherche sur le processus d’acquisition, sur les conditions de production et d’organisation des savoirs et sur la diversité culturelle des formes d’appropriation. Il s’agira aussi de développer les rencontres entre chercheurs et citoyens, et renforcer la communication des organismes de recherche et des universités sur leurs résultats auprès du grand public.

Voilà un beau programme qui évoque pour nous la démocratie cognitive chère à Edgar Morin.

Comment ce rapport sera-t-il repris ? Quelles appropriations en seront faites ?

La structuration du document étonne car elle semble placer sur le même niveau différents éléments. L'évocation du "contrôle des bagages" semble choisir une entrée par un exemple réducteur... certaines approches relatives au développement économique, à la conception de la croissance (verte ? douce? décroissance) ne semblent pas tranchées... un peu comme si le rapport choisissait de petites portes d'entrées en espérant une généralisation sans proposer véritablement un schéma global même si les interactions ou la nécessité de décloisonner, d'ouvrir, d'innover sont bien repérées... un peu comme si toutes les priorités n'étaient pas dites et si le carcan de choix économiques ne pouvait être dépassé...

Qui veut-on convaincre avec ce rapport ? Les décideurs ? les différents ministères ? la population et les médias ?
Double sentiment d'espoir et de perplexité... et au delà des cloisonnements politiques, une motivation pour entrer dans le débat et s'approprier ces questions : chiche ?

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