lundi 11 août 2014

de l'enthousiasme matinal ?

"Soyons le changement que nous voulons voir dans le Monde" prête-t-on à Gandhi.
La citation est connue et souvent reprise.
Elle pose à la fois le postulat de l'action, de l'engagement mais invite surtout chacun à accepter de lever ses propres barrières intérieures avec soi et les autres, avec ses représentations et ses jugements...
Etre le Monde et dans le Monde, faire alliance non pas "contre" mais "pour", ne pas confondre les actes et les personnes, se donner toujours la chance de la résilience, l'audace de l'enthousiasme pondéré par une éthique attentive qui ne soit pas le principe de précaution d'un citoyen-consommateur timoré mais une attention à la conséquence sur le long terme d'un choix, d'un geste...

Notre contribution au Monde ne consiste pas seulement à venir porter notre touche de couleur à un tableau qui serait figé. Tout est en mouvement et notre compréhension et notre savoir et les relations qui nous animent. Des accidents surviennent dont notre intuition nous dit qu'ils étaient souvent prévisibles et parfois pas inutiles mais nous ne devons pas seulement animer nos actions en réponse à l'insécurité réelle ou alimentée...

Ne pas bouger c'est agir mais engendrer souvent encore un peu plus de souffrance.

Uniformes de la pensée, uniformes portés dans la vie, notre première recherche peut-être de nous éviter des situations d'inconfort. 
La première tentation peut être la procrastination, le repli sur soi, le confort personnel à courte vue. 
Chacun voit bien alors le risque de s'enferrer dans l'égoïsme ou de devenir esclave de ses addictions.

Tenter de se libérer d'une addiction par la privation, c'est se punir une deuxième fois.Il faut donc à la fois revendiquer une différence, oser se libérer par un choix qui ouvre une nouvelle liberté.
"Je refuse ce verre d'alcool de plus que tu me donnes, pour le plaisir que j'aurai à rester maître de moi même, pouvoir prendre le volant sans danger et vous raccompagner..."
Aucune doxa ou jugement par là. 
"Je suis insatisfait de l'information des grands médias", j'irai donc explorer ailleurs d'autres sources, d'autres réseaux et conservant mon droit de changer d'avis, j'oserai tenter de comprendre simplement en regardant autrement, en faisant preuve d'empathie mais sans m'oublier, sans oublier l'égale dignité due à chacun dont à ma propre personne...

Nombre de difficultés que nous vivons, nous en connaissons les causes. Notre navigation dans la vie, dans notre travail, nos relations reste souvent gouvernée parce que nous pensons que les autres attendent de nous plutôt que par ce que nous pensons bon et pertinent. Dans la partition obligée, ce qui pourrait sembler la contrainte, il nous faut trouver des espaces pour y créer notre propre tonalité, non par souci d'être original, mais pour exercer une complémentarité ... laquelle suppose de composer avec notre environnement.

Pour aller vers le changement, il nous faut d'abord refuser le conflit avec nous-même, la mise en inconfort et oser aller repérer ces petites causes dans notre habitus qui viennent gâcher notre dynamique, notre aptitude au jeu et à la rencontre.

Il s'agit souvent d'être pionnier de notre propre territoire, de faire la reconquête de notre temps, de nos liens, agir dans le présent mais avec un projet devant, un projet offert au partage... ce qui supposera d'accepter que ce projet bouge et avance grâce à l'apport des uns et des autres.

Cette posture, cette couleur donnée à notre vie, cette dynamique généreuse ne doit pas se laisser dévorer ou consommer par les autres, mais s'affirmer sans s'opposer, avec assertivité sans volonté de compétition ou de recherche de pouvoir personnel.
Si je me mets en compétition avec autrui, c'est que je cherche la perte d'autrui à moyen terme et que je programme ma propre perte à plus long terme.
 Il nous faut passer d'une logique d'apparent propriétaire, à la logique d'un locataire du bien commun même si je reste propriétaire absolu de ma dignité, de mon intimité et de ma pensée, je ne m'appartiens que parce que je vis dans un espace partagé et relié à la vie.

Souvent nous prétendons convaincre autrui sans l'être encore nous même.
Ou bien nous allons nous flatter aux cercles de ceux qui paraissent nous ressembler le plus.
Qui se pense en "communauté" renonce souvent à la chance et au risque de sa liberté propre.

Changer, innover, une machine nécessaire à ne pas se laisser dévorer par des petites et grandes causes néfastes. 
Bien sûr, il faudra toujours repeindre et enlever la poussière, souvent même construire de nouvelles maisons... les mots eux-mêmes se transforment et nous transforment. 
Nous cherchons le chef d'oeuvre mais en attendant l'artisanat donne une esthétique indispensable à notre vie.
La découverte transforme notre vision mais seulement provisoirement. 

Mon chien sait des choses sur moi que j'ignore mais je ne lui demande pas d'être autre qu'un allié du monde vivant et je sais bien que je suis plus responsable de lui qu'il ne l'est de moi, même s'il veille sur la maison. 
J'accepte par avance que mon enfant ne me ressemble pas et s'émancipe de ma vision, de mes goûts...
Je m'autorise à m'étonner, à admirer, à m'enthousiasmer, à me laisser porter par l'inspiration même si je sais bien qu'avec toute la sérendipité du Monde, la surprise, LA découverte ne vient pas tous les matins. 
Mais je veux rester éveillé pour ne pas la louper lorsqu'elle viendra...

L'incertitude n'est plus une peur mais une vigilance sur mes propres certitudes.

La vie est par essence changement. Qui en observe les manifestations ne peut être qu'admiratif même si l'on ne sait toujours pas ce que l'on doit au hasard... même si l'on est bien réticent à enfermer l'hypothèse d'un Dieu dans le cadre restreint d'une doxa ou d'une religion... cette intuition, ce ressenti indicible, cet instinct intime et partagé, nous le ressentons tous... la fraternité n'est pas que notre volonté de survivre et l'amour de nous reproduire... Tout cela va bien au delà.

La chance de l'Homme c'est qu'il lui est toujours possible de recommencer... tant qu'il restera plusieurs hommes et sans forcément attendre les douloureuses catastrophes pour se mobiliser. Homme qui en sait bien plus long qu'il ne veut le faire croire sur les causes des difficultés humaines...

Enthousiaste et lucide, c'est possible !

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