samedi 22 février 2014

un peu d'Utopie s'il vous plaît !

Le vingtième siècle, n'en finit-il pas de pourrir sur lui même, et la pourriture, insidieuse, ne vient-elle pas tout contaminer ?
La défiance est le ferment de cette pourriture. La médisance en est le vecteur. L'aveuglement l'excuse.
Nous portons tous une grande Burka dont la fente visuelle est si étroite que notre prise d'empan bien faible ne nous laisse voir que le fil restreint d'une actualité normée aux cris du scandale.
Car le scandale a cette capacité de remonter à la surface et parce qu'il fait de nous des scandalisés, nous accapare, nous dévie de la lucidité, de la mise à distance, de la justice même.
La scandale nous oblige à prendre parti, à choisir notre clan, à renforcer notre vision binaire du monde. La moraline dessine notre façon de penser, la colère anime notre geste et la désespérance confond tout.
Nous mélangeons raideur et structuration, conservatisme et valeurs, nous avons mal au dos à force de nous soumettre au stress, mais nous nous précipitons, nous ne faisons que tourner en rond tels des totons lancés malgré nous dans une transe échevelée.
Nous sommes devenus intolérants et sommes convaincus d'avoir raison mais nous ne faisons rien pour changer le monde.
Nous sommes laxistes et prompts à laisser le champ libre à la dictature qui préfère la trique et le dogme au courage, à la reliance, au dialogue vigilant et ouvert...
Nous sommes ces danseurs ivres qui dans une farandole désarticulée vont droit dans le mur.
Dire cela, serait s'excuser par avance : «  je vous avais prévenu ! Vous ne vouliez pas écouter ! Il est trop tard ! »
Nos frères meurent mais nous nous gavons avec plus ou moins de bonne conscience. 
La spirale consumériste nous avilit et nous aliène.
Il faut dépenser d'urgence l'argent que nous n'avons pas pour acheter des gadgets inutiles et des voitures confortables plutôt que de sauver ceux qui doivent l'être.
Car si nous ne sauvons pas le faible, nous nous affaiblissons en réalité et nous promettons au triste règne sur un champ de ruines, à la guerre...
Nos cancers sont le fruit dégénéré de nos modes de vie insatiables, nous tentons de les soigner mais sans jamais aller chercher la cause réelle du mal. Nous nous gavons, nous n'avons plus faim, mais nous continuons jusqu'à l’écœurement. Alors, nous vomissions sur autrui...
Mais vomir sur autrui c'est bientôt vomir sur soi même.
Parfois nous pensons et affirmons qu'il faut combattre : mais combattre c'est souvent se priver du courage de convaincre.
Il faudrait un ministère de la Paix. De la paix intérieure, de la paix extérieure.
Il faudrait aussi un ministère des Projets et de la mutualisation.
Un ministère de la coopération et de la solidarité.
Un ministère des arts et de la poésie.
Un ministère de la reliance et de l'écologie.
Un ministère de la connaissance partagée.
Et des femmes et des hommes dont le rôle serait d'aller par les campagnes et les villes, écouter, faire se parler les gens et les accompagner pour oser transformer ce qui pourrait l'être.
Le juge de paix devrait être celui qui écoute pour apaiser et proposer de nouvelles façons de vivre ensemble.
Nous ne devrions plus avoir honte de confier aux machines le soin de fabriquer les objets et les biens utiles parce qu'alors nous pourrions nous libérer pour donner du soin à nous mêmes et aux autres, bêtes et plantes compris.
Dans les quartiers, les villages, les écoles devraient devenir les maisons du savoir partagé où chacun viendrait apprendre et enseigner selon son âge et son expérience.
Les musées devraient être les maisons de rencontre de l'art où l'on pourrait voir, sentir, ressentir, rencontrer les artistes et peindre ou sculpter.

Les mairies, les hôtels de ville, devraient accueillir les citoyens qui viendraient proposer et discuter et étudieraient ensemble les projets.
Et les hôtels de police aideraient d'abord à la bonne mise à distance, inviteraient à prendre conscience de la Loi nécessaire et à mobiliser le sens de la réparation avant de réprimer sèchement. A côté, les maisons des victimes permettraient la meilleure écoute et la reconstruction.
Dans les banques, l'argent devenu périssable ne viserait pas à l'enrichissement personnel mais à la réalisation de projets...
Chaque jeune serait invité à voyager, à découvrir le monde, à s'engager dans des actions de solidarité.
L'Utopie et la Poésie ne seraient pas vues comme des enfantillages mais comme la possibilité de réinventer des possibles, loin de l'angélisme, dans la logique d'un vrai renversement de valeurs qui ne s'interdirait pas la subversion ou l'humour mais oserait démonter, démontrer, argumenter sans opposer en cherchant la rationalité et en admettant l'évolution permanente de la connaissance sur le vivant et les systèmes.
L'incertitude est la première certitude. L'ordre un mouvement incluant la nécessité du désordre sans lequel il n'est pas de fécondité ni de créativité.
Nous savons tous que nous ne pouvons pas continuer ainsi. Nous commençons à comprendre qu'il n'est ni sauveur, ni gourou. Nous percevons que nous avons de nombreuses habitudes encombrantes et destructrices mais nous éprouvons des difficultés à nous en débarrasser.
Être sage, c'est accepter de changer de paradigme.
C'est reconnaître d'abord que nous avons besoin les uns des autres. Individuels et solidaires, cela fait « le génie humain ».



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