vendredi 28 décembre 2012

les univers clos

Sans en faire une théorie restrictive, il semble que l'on peut observer  que notre Société est conduite par un ensemble d'univers clos , systèmes dont la logique fermée sur elle-même porte de nombreux implicites qui induisent une approche orientée et organisent nos perceptions jusqu'à perturber nos échelles de valeur, notre libre arbitre, notre comportement .
Quelques exemples concrets : 
- les systèmes informatiques, qu'ils relèvent de la sphère d'Apple ou de Windows, se révèlent très intuitifs, simples à utiliser, ils facilitent les liens et la recherche, ce sont des outils formidables... mais le néophyte n'a guère accès à ce qu'il y a dans le secret du système en lui même, il méconnait ce qui est fait réellement de l'information qu'il produit, manipule ou transmet que ce soit la géolocalisation ou la conservation de données, mais que ce soit aussi de la façon dont un logiciel fonctionne...
- les systèmes d'information, ceux qui relèvent des grandes agences de Presse et de la télévision notamment, nous proposent une sélection et une hiérarchisation des informations univoques où il s'agit souvent de trouver dans la "bonne information" celle qui serait censée plaire au plus grand nombre au risque de masquer des évènements capitaux ou de les reléguer au second plan. Il suffit d'observer les thèmes présentés dans les journaux télévisés lors de la trêve des confiseurs pour mesurer à quel point soudain on efface de notre vue ce qui peut se passer ailleurs et pourrait troubler notre besoin supposé de détente et de bonheur en ces périodes festives...
- les économistes, ou en tout cas ceux qui parviennent à médiatiser leur discours, présentent également leurs théories selon des schémas qui pour cohérents qu'ils soient ne reposent que rarement sur des démonstrations rationnelles et précises. Hors des modèles prévus, point de salut.
D'aucuns se sont précipités pour fustiger alors ce qu'ils appellent "la pensée unique", sauf qu'ils proposent à leur tour des modèles de pensée et d'argumentation très réduits ou dont la symétrie à ce qu'ils dénoncent s'enferre dans un effet miroir.
D'autres univers clos existent : l'école en est souvent le lieu de prédilection où l'on "apprend à faire" dans un cadre d'exercice si guidé et fermé sur lui même que l'on peut y réussir très bien ponctuellement si l'on a eu droit "aux clés", mais  il sera difficile de transposer ses connaissances dans un Monde où il faudra faire preuve de compétences  en s'adaptant sans cesse.
Les univers de haute technicité également que ce soit la médecine et ses protocoles hermétiques au quidam qui n'a pas fait médecine ou de l'automobile où des machines nous imposent "leur vérité" relèvent de ces logiques closes où les procédures sont écrites, les scénarios prévus, où nous sommes priés de nous conformer. 
Si le symptôme n'est pas mis face à une maladie identifiable et "soignable" il n'est même pas considéré, encore moins croisé avec d'autres éléments...
Le commerce également en particulier de la grande distribution, nous impose de nous plier à des besoins le plus souvent définis à l'extérieur de nos "vrais choix" autrement dit de nos "vrais besoins". 
Pensons encore à la logique des plates-formes téléphoniques et de ces menus fermés que l'on nous propose, " si vous appelez pour ceci .. tapez 1, pour cela tapez 2" mais si ... vous appelez pour un choix non prévu vous aurez le sentiment de tourner en rond et d'être inadapté ou incompétent...
Point de théorie du grand complot là dedans, le souci d'efficacité et de rentabilité dominent. 
Notre quotidien toutefois est très envahi de normes, procédures, de scénarios à ce point écrits que nous sommes priés de nous y conformer. 
Tel usager qui par son parcours se trouve confronté à une situation non prévue face à la Sécurité sociale, le Pôle Emploi ou d'ailleurs un employeur, vivra aussi ce type de logique dont il n'aura pas toujours le droit de connaître les raisons réelles...
Le versant négatif et souvent proche étant l'exclusion qui peut frapper à divers degrés mais parfois gravement y compris des personnes dites averties ou instruites. 
La bureaucratie permit d'introduire de l'efficacité et de mieux organiser le travail, mais elle vient aujourd'hui tout envahir et les usagers que nous sommes épris du "principe de précaution" comme du souci de "réclamer leur dû", n'échappent pas à cette coproduction fatale où beaucoup d'énergie est dépensée à naviguer dans un non sens collectif qui ne nous donne pas les clés réelles de nos actes, ne nous autorise plus à soulever le capot, à questionner le pourquoi, à faire preuve de créativité et sortir parfois des sentiers battus. 
Il existe bien entendu des propositions alternatives, mais elles souffrent souvent de leur manque de moyens, du fait qu'on les "compare" systématiquement à l'existant auquel elles finissent elles-mêmes par se conformer pour survivre... On le voit lorsque certains médias alternatifs cherchent à produire du "scandale" pour vivre ou lorsqu'un navigateur alternatif finit par "céder" et accepter un plug-in d'une grande firme... 
Une sorte de totalitarisme mou, qui a fait du conformisme une véritable religion, organise mille détails de notre vie sous prétexte de respecter des principes techniques, permettre l'efficacité ou la rentabilité, de nous protéger...
Et nous avons besoin d'être protégés et d'être efficaces...
Mais nous devons pouvoir tout questionner sans attendre "d'être grand" ou initié par notre univers d'appartenance professionnelle ou sociale.
Il faudra qu'un peu de subversion attaque ce cocotier là, mais une subversion en mesure de s'appliquer une auto-critique optimiste, capable de proposer sans s'opposer, de dessiner des "si on faisait autrement", de proposer "d'essayer" , de démonter, de démontrer, de s'approprier mais pour mieux mettre en partage, de faire preuve de créativité, d'originalité, d'individualisme mais par dessus tout de se mettre au service de la solidarité et de la générosité sans exclure à son tour...
Il y a certainement des conquêtes sur soi à ouvrir et du dialogue à imaginer.
Le premier geste étant d'oser... sans peur. 

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