lundi 13 septembre 2010

le piège de l'été

L'actualité de cet été se prolonge encore en ce moment en France avec la question des "roms".
Dans un débat ultra-sensible où la seule rationalité ne suffit pas à répondre, les clivages complexes ne doivent pas masquer "le feu qui sous la cendre" pourrait se réveiller...
On observera d'abord une affaire où le "parler sur", autrement dit "parler sur autrui" préside...
Les médias, par exemple, ont en réalité très peu été à la rencontre des personnes, soulignant parfois la difficulté de l'enquête... Ainsi, on a montré les camps sauvages "de loin", sans jamais en décrire la réalité, ni s'intéresser au quotidien de ces personnes, à leur histoire... Ils ont rarement été interrogés, on n'est pas allé leur parler avec des interprètes. Il s'agit pourtant bien d'une culture.
La mise en évidence de cette méconnaissance des personnes s'est ensuite accrue avec la volonté soudaine de tenter "d'étiqueter" des populations et parfois même en soulignant qu'il ne "fallait pas confondre les uns avec les autres", le risque est apparu de classer ou de ne pas accorder à tous une égale dignité.
Ailleurs, certains ont affirmé que la réponse à la question des gens du voyage résidait dans leur "sédentarisation". Ici, on décide "à la place d'autres" ce qui serait meilleur ou conforme...
C'est oublier un peu vite tout ce que nous devons "aux nomades"...
Cette affaire manie encore des mots difficiles.
L'indignation par exemple qui d'un côté exige l'expulsion ou d'un autre s'y opposerait, porte bien peu sur deux points : la vie indigne faite dans ces camps comme dans d'autres bidonvilles que nous faisons semblant de ne pas voir, comme la violence que nous faisons en décrétant soudain un état d'urgence.
Dans une soirée télévisée, un journaliste s'est fait applaudir en affirmant "que nous ne pouvions accueillir toute la misère du Monde".
Ces applaudissements marquaient sans doute l'affirmation de citoyens "consommateurs" et "petits propriétaires" de leur pays...
La devise républicaine nous engage pourtant à la fraternité, qui ne saurait être passive et dont la vertu pour devenir contagieuse exige courage et ouverture.
Cette question comme tant d'autres, ne saurait se traiter seulement avec des normes, des textes, des lois et des règlements... Il nous faut réapprendre l'empathie. Elle est encore souvent présente chez les éducateurs, les enseignants, certains croyants... Cette empathie est souvent méprisée ou regardée comme la naïve expression de bons sentiments.
Elle est en réalité la première marque du courage. En aidant l'autre à trouver ou retrouver sa dignité, je m'aide aussi à construire la mienne.
C'est donc affaire de valeurs, d'éthique et de conscience.
Aider ne suffit pas. Mais cette solidarité active, ce qui nous met en projet "ensemble", cette action où nous osons nous dépasser et nous ouvrir, c'est avec la capacité de "dire", ce qui nous fait "hommes", des petits humains capables aussi de construire, d'inventer, de s'entraider, de s'aimer...

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