lundi 9 août 2010

entre ordre et désordre

Entre ordre et désordre, entre consommer et préserver, nous n'entendons guère de discours qui ose relier et poser la fraternité.
Il faut assurer la sécurité, expulser les problèmes, surveiller, dénoncer en s'appuyant au besoin sur les médias et en sommant la population de s'exprimer d'abord par le sondage qui n'est en rien la consultation populaire mais la réponse à des questions établies préalablement.
D'un autre côté, il s'agit de défendre ou garantir des acquis mais non pas en donnant du sens au progrès social ne serait-ce qu'en le situant historiquement, mais en confondant la conquête sociale avec une promesse commerciale.
L'assureur privé et la véritable mutuelle peuvent produire en apparence le même service : rembourser les médicaments. Mais les valeurs qui fondent les deux organismes sont bien différentes. L'un propose un remboursement contre cotisations appuyées sur des placements permettant de dégager des bénéfices d'abord pour l'assureur, l'autre s'appuie sur un modèle de gestion solidaire avec une éthique et le souci de protéger équitablement ses membres.
Le deuxième modèle est hautement contraignant car il engage les gestionnaires comme les adhérents … le premier toutefois restera restreint à celles et ceux qui seront en mesure de payer et proposera plus de services aux plus riches… Fondé sur une vue à court terme, il s'effondrera comme un château de cartes dès lors qu'une crise économique se présentera, nous l'avons vu il y a peu...
Pour tenter de sauver la mise, l'économie sociale a souvent cédé aux lois du marché plutôt qu'en réaffirmant ses choix démocratiques, l'urgence s'imposant, sauf que cette vue à court terme revient à scier la branche sur laquelle elle se trouve…
Il en va de même lorsque certains hommes politiques ont cédé à la pression médiatique en cédant à l'exposition de leur vie privée plutôt qu'en la formulation d'un projet argumenté, en dénonçant ou conspuant, en accusant plutôt qu'en proposant...
Le choix écologique, est vu d'abord comme un modèle visant à préserver, à limiter une catastrophe pressentie, plutôt qu'en la formulation d'un projet constructif.
Il s'accompagne de discours et de contre discours où la morale culpabilisante s'érige en principes.
La défense même des valeurs comme l'anti- racisme par exemple, ne s'exprime le plus souvent qu'en rempart, pour crier au scandale…
S'il est inacceptable que des discours ou des actes racistes s'expriment, que l'on instrumentalise les tensions entre groupes humains, lutter contre le racisme ne commence pas au moment où il faut répondre à cette violence mais doit débuter bien plus en amont, en s'attaquant aux racines du mal. Ce faisant, cela engage.
Je ne peux pas seulement être "contre le racisme" si je n'agis pas dans mon quotidien pour relier, favoriser la compréhension et montrer en quoi l'entraide sera au final plus bénéfique que la préservation énervée de mes propres acquis.
La logique de l'ordre à tout prix est vouée à l'échec.
Toute maison parfaitement rangée sait que pour rester vivante il lui faut accepter un peu de désordre et que de toute façon la poussière et l'usure viendront.
Toute valeur, la plus noble soit-elle, ne saurait être réduite à ses effets, à des droits ouverts, si elle n'engage pas chacun à dépasser sa condition individuelle.
Entre des hommes politiques qui montrent les crocs, agitent les bras ou paradent en mettant en scène leur destin personnel, très peu osent un discours de générosité.
Le discours de générosité fait peur : si je donne, à quoi vais-je devoir renoncer ?
Pourtant, à long terme, donner, partager c'est la promesse de recevoir plus tard en retour…
À la condition de renouer avec l'idée de contrat.
Il faudrait que l'homme politique accepte de partager son pouvoir et que l'on ose en appeler au citoyen dans une logique formulant à la fois la complexité des problèmes, la possibilité de créer et définir de nouveaux modèles, la nécessité d'un engagement partagé, un engagement citoyen …
Se dépasser pour aider l'autre à dépasser sa propre condition c'est ne pas s'arrêter à la petite morale du jugement d'autrui ou de la méfiance, c'est affirmer que l'association rend plus fort, que l'intelligence est la seule énergie qui se multiplie dès lors qu'on la partage...
Il ne s'agit pas de préserver un héritage mais de construire en y puisant quelques connaissances.
Nous avons appris avec l'Histoire que l'Utopie érigée en dogme peut être dangereuse, mais nous devons dépasser notre peur pour nous convaincre que nous sommes indispensables les uns aux autres et que la force de l'homme c'est justement de pouvoir dépasser son destin.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire