lundi 30 août 2010

Des valeurs sans moraline

Nous sentons bien ce mouvement qui en appelle aux valeurs. 
La difficulté ou la chance est qu'aujourd'hui il n'est plus possible d'imposer un catéchisme fermé sur sa doctrine. 

Le risque permanent est  de sombrer dans ce qu'Edgar Morin nomme la moraline : "La moraline (j'emprunte ce terme à Nietzsche) est la simplification et la rigidification éthique qui conduisent au manichéisme, et qui ignorent compréhension, magnanimité et pardon. Nous pouvons reconnaître deux types de moraline : la moraline d'indignation et la moraline de réduction, qui, du reste, s'entre-nourissent.
L'indignation sans réflexion ni rationalité conduit à la disqualification d'autrui. L'indignation est tout enveloppée de morale, alors qu'elle n'est souvent qu'un masque de l'immorale colère.
La moraline de réduction réduit autrui à ce qu'il y a de plus bas, aux actes mauvais qu'il a accomplis, à ses anciennes idées nocives, et le condamne totalement. C'est oublier que ces actes ou idées ne concernent qu'une partie de sa vie, qu'il a pu évoluer depuis, voire s'être repenti.

(Éthique (La méthode 6), p.57, Seuil, 2004)"
Construire des valeurs c'est à la fois pouvoir aller vers la compréhension de l'autre et affirmer le désir de vivre ensemble dans un destin partagé... mais ce n'est pas réduire l'idée de valeurs à une vision utilitariste. C'est donner à l'autre de la dignité, affirmer cette dignité, pour pouvoir poser sa propre dignité dans le respect de l'autre comme de soi... Il n'y a pas d'estime de soi sans estime de l'autre. 
Il faudra bien oser réfléchir plus avant à la définition que nous donnons au terme de valeur.

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