mercredi 24 février 2010

la société médiatique n'écrit-elle pas notre auto-fiction collective ?

Notre société est mondialisée, les sources d'information ne manquent pas et des évènements importants traversent le Monde : pourtant ce qui fait la Une reste "univoque" quelles que soient les différentes médias qui peu ou prou se concentrent avec la même hiérarchie sur deux ou trois faits partagés.

Ce qui fait le "buzz" ou l'évènement attire la focale et l'Internet ne déroge pas à la règle.
Outre l'effet grossissant sur un évènement qui le coupe du système, il existe un effet de "masque" sur les autres faits qui mériteraient de nous être connus.

Au delà, cette mise en scène construit notre existence autour d'une sorte de feuilleton d'ailleurs décousu mais cohérent dans son message d'ensemble, où nous sommes reliés par des évènements forts, souvent des accidents ou des catastrophes qui nous permettent de faire du lien social avec des faits pourtant souvent étrangers à nos "vraies vies"... ou suffisamment déconnectés pour que nous n'allions pas chercher les relations de cause à effet.

Ce leurre fait poids et construit ce que certains dénoncent comme "pensée unique" avec le risque que la dénonciation ne s'enferme elle même dans une pensée unique.

Nous avons certainement besoin de ces histoires pour nous relier les uns aux autres.
Mais la part du leurre médiatique n'a-t-elle pas pris la place occupée par la religion hier ?
On ne va plus à la messe mais au journal télévisé.

La boucle informative vient nous parler jusqu'à plus soif puis nous fait rapidement passer à autre chose et nous allons de spectaculaire en spectaculaire.
A l'histoire collective s'ajoute un inconscient collectif engendrant ses réflexes et ses peurs.

Plus loin, le citoyen vote pour se mettre en conformité avec le sondage, nous choisissons y compris nos achats ou nos spectacles en fonction de votes ou de pré-sélections (la hiérarchie du moteur de recherche)...

Il est très difficile aujourd'hui de prendre un chemin de traverse, d'oser un autre regard, d'analyser.
L'accélération actuelle qui touche l'ensemble de la société, la production, l'administration... montre que nous avons cédé à l'urgence médiatique dont le feu dévorant doit être nourri chaque jour d'une actualité nouvelle.

Attirer les feux médiatiques, voilà ce qui compte : faire du bruit, faire scandale, être "célèbre" ne serait-ce qu'un temps...
Il y a là une agitation d'histoires qui me rappellent les aventures des dieux grecs et des héros qui s'y trouvaient rattachés dans la mythologie.
L'ennui c'est cela : une fusion de faits réels dans l'irrationalité médiatique. Avec le risque insidieux d'une dérive où les valeurs de civilisation cèderont le pas aux cris, à l'urgence et à la peur d'un Monde secoué qui joue à se faire peur pour ne pas agir.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire