mercredi 19 août 2009

poker, winker ou skipper ?

On me pardonnera un peu de futilité, l'été y engage avant la reprise...
Facebook et son étrangeté ont introduit chez nous outre des applications dont la pertinence ne nous frappe pas d'emblée, des quizz dont l'orthographe ferait frémir un élève de cE2, des traductions littérales ou approximatives de l'américain... et puis ces étranges mots et pratiques comme le poke, le wink ou le skip notamment via des applications comme "Are you interested ?".
Le poke a souvent été l'objet de commentaires. Plus que le sens du terme lui même c'est le mode de communication et son usage qui sont intéressants.
Sur Facebook même , vous ne pouvez "poker" que vos amis mais surtout vous ne les pokerez une deuxième fois que s'ils ont accepté votre premier poke. Protection pertinente pour éviter les dérives.
Petite tape amicale sur l'épaule, le poke peut à la fois dire "j'existe" et "je pense à toi".
Ne pas répondre peut aussi vouloir dire, "pense un peu moins à moi" ou signifier que l'on boude Facebook... Tout cela sans conséquence...
D'autres généreux vont répondre immédiatement, ce qui enclenche volontiers une réponse et pourquoi pas une forme de spirale... si la lassitude ne prend pas assez vite le dessus...
Clin d'oeil, le poke est un signe qui ne raconte rien. C'est un "je pense à toi" mais de loin, qui n'est pas forcément accompagné d'un message ou de nouvelles vraies.
Mais le poke peut être affectueux... implicitement, si les personnes se connaissent "en vrai".
L'application "Are you interested" propose de mettre en relation des personnes, sur des critères limités à la région ou l'âge avec une sélection de profils limités à une ou quelques photos, un prénom, un âge, un lieu... Il ne s'agit fort heureusement pas seulement d'échanges liés au sexe ou à l'amour.
On peut avoir "cliqué" sur vous et donc manifesté une forme d'intérêt engageant ou non une réponse de votre part... anonyme ou personnelle...
D'où la surprise en mesurant qui a cliqué sur vous, vous évaluez peut-être "qui vous intéressez". Cela ne rassure pas forcément !
Zoosk doit procéder sur le même modèle...
Ici on peut donc "winker" autrui, manifester une forme d'intérêt actif, ce n'est pas sans risque, l'indifférence ou le commentaire... Des options de blocages existent...
Voici donc toute une série de procédés qui sont des signes ou des clins d'oeil, on ne siffle pas dans la rue mais presque, pas de vrais messages et bien entendu on n'oserait que très rarement cela dans la vraie vie.
Cela a-t-il un impact par exemple pour un adolescent qui n'a pas encore monté son "dispositif de mise en relation" dans la vie vraie ? Comment fera-t-il pour "poker" autrui ? Quels sont ses modèles d'entrée en relation ?
Il parait que le téléphone bluetooth est une autre façon de le faire... notamment dans le métro parisien...
Ces applications peuvent-elles contribuer à élargir le cercle relationnel à la fois socialement en ouvrant vers des milieux qu'a priori on n'aurait pas rencontré dans la vie vraie et géographiquement en ouvrant vers des correspondants éloignés ?
Oui partiellement, si l'on dépasse le wink et le poke pour prendre le temps d'écrire de vrais messages.
Dans le même temps, et nous y reviendrons, l'accumulation de contacts nous rend moins disponibles pour des échanges approfondis.
Une forme de "sélection" par affinités ou rapprochements successifs réduira rapidement le cercle et les échanges réguliers se limiteront à quelques personnes...
Ce qui laisse supposer qu'au final, les efforts déployés ne sont guère plus "productifs" que le hasard de la vie vraie et des rencontres proposées dans les lieux "non virtuels"... Mais ces lieux sont-ils si nombreux ? Mis à part les quêteurs, qui nous sollicite vraiment dans la rue et d'ailleurs ne serions nous pas souvent choqués d'une main sur l'épaule en pleine rue ?
Même si l'on croise parfois des inconnus qui vous proposent des bisous (stratégie organisée qui en dit long sur le désarroi de ceux qui par manque de tendresse sont près à en chercher au hasard... oui mais alors quelle valeur à l'échange ?)...
Entre consumérisme, chasse au temps, désirs et engagement de la personne... si notre regard est pessimiste nous pouvons nous inquiéter de cette incapacité à rechercher la communication vraie et à se dire dans l'échange... ou nous rassurer de cette ouverture et de cette générosité qui témoignent d'un désir d'aller vers l'autre et lui montrer son espoir, sa disponibilité, sa capacité à l'heureuse surprise de la rencontre...

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