jeudi 27 août 2009

Internet ou l'illusion de la communication ?

Dans un article intéressant publié sur Agora.Vox où il fait un condensé des problématiques qui opposeraient un Internet du consommateur à un un Internet citoyen Actus Politikus (qui a donc choisi un pseudonyme pour s'exprimer) , reprend en fin de papier le point de vue développé par P.Breton selon lequel Internet favoriserait une communication technicisée et entretiendrait l'illusion d'une communication.
D'une part les réseaux sociaux enfermeraient l'expression de communautés aux points de vue convergents et d'autre part certains acteurs comme les politiques développeraient une information verticale.
Nous connaissons par ailleurs la grande difficulté des forums ou des échanges sur certains sites qui, s'ils ne tournent pas à la convergence, à la cooptation... peuvent vite dériver vers l'expression de clivages forts, parfois assortis de dérapages verbaux et d'oppositions qui enferment encore une fois les contradicteurs dans leur territoire de pensée...
Mais en est-il autrement dans le Monde non virtuel ?
Achetons-nous systématiquement les journaux d'opinions contraires pour nous forger la nôtre ?
N'éprouvons-nous pas un plaisir rassurant à retrouver chez l'autre un partage de point de vue, une adhésion, une convergence...
En réalité, la première difficulté passe dans notre capacité à négocier avec nous même, à développer notre esprit de tolérance : pour écouter l'autre, il faut un moment faire preuve d'empathie sans pour autant céder à la collusion ou au renoncement, il va falloir accepter de renoncer à une posture, un principe, une idée que l'on se faisait de la question... même si le renoncement n'est que provisoire, comme une hypothèse de travail...
Lorsque je programme des "alertes" via Google autour de mots clés que je choisis, j'ouvre la porte à des surprises, à des points de vue que je n'attendais pas forcément.
Parfois, il m'est difficile de résister au dégout, à l'agacement... mais parfois aussi une piste s'ouvre vers un ailleurs ou bien simplement, je peux tenter de mesurer mes propres arguments en regard de ceux que je découvre...
Mais c'est une démarche délicate...
En réalité, nous sommes peut-être confrontés à des réseaux d'influences qui se marient et interagissent entre eux... Quelle est ma part de liberté face à ces flux ? A quel moment mon point de vue personnel peut-il se forger dans une liberté réelle ?
Pas facile.
Un média dont on parle peu, mais qui continue de tracer son chemin, la radio, permet peut-être ces surprises : parce que j'entends sans le voir l'interlocuteur, si j'accepte de ne pas couper le bouton, je vais l'entendre... Certes, la radio se fait parfois interactive, mais nombre d'appels restent des leurres, ne sont pas de vrais échanges ... pour autant, la radio a bien communiqué vers moi et je garde en moi quelque chose qui vient chatouiller ma propre représentation du Monde ou ma façon de penser...
Tout cela ne pouvant me semble -t-il se construire que sur un socle de référence, des bases culturelles solides. Et c'est peut-être là, une fois encore, que tient le fondement du problème...

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